2021-2022 : le secteur du paysage confirme sa dynamique de croissance
Publié le 3 octobre, 2023 à 08h00 , mis à jour le 25 juin, 2024 à 12h28
Le CA augmente de 21 % en 2 ans, pour s’établir à 7,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022
Paris, le 3 octobre 2023 – L’Union Nationale des Entreprises du Paysage dévoile aujourd’hui les chiffres clés de la branche du paysage à fin 2022. Cette onzième étude biennale*, couvrant la période 2021-2022, met en lumière un secteur du paysage florissant. Sur tous leurs marchés, publics et privés, les entreprises du paysage rencontrent une croissance exceptionnelle, qui a permis de créer 23 350 emplois en 2 ans. Pour faire face à une demande croissante de végétalisation aussi bien en ville que dans les espaces privés (entreprises, copropriétés…) ou dans les jardins de particuliers, les entreprises du paysage continuent d’embaucher massivement et d’investir, malgré des difficultés de recrutement.
Les chiffres clés des entreprises du paysage en un coup d’œil
Un secteur qui connait une croissance exceptionnelle
En 2022, la branche du paysage pèse 7,7 milliards d’euros, 32 450 entreprises et 132 100 actifs. Ces indicateurs, tous en hausse, illustrent le dynamisme exceptionnel du secteur : en France métropolitaine, le nombre d’entreprises a augmenté de 7 % en seulement deux ans, ce qui représente une vraie accélération rapportée à la période précédente (+ 14 % d’entreprises en plus en 10 ans).
Ces créations d’entreprise témoignent de la bonne santé du secteur : plus d’une entreprise du paysage en activité sur 5 a été créée ou reprise depuis 2020. A noter que plus de la moitié (51%) des entreprises en activité du secteur ont été créées ou reprises depuis 2016, et ont donc moins de 6 ans (à fin 2022).
Sur les 2 dernières années, le CA des entreprises en France métropolitaine a progressé de 21 %, soit 10 % par an en moyenne. Cette croissance représente à elle seule la moitié de la croissance observée depuis 10 ans (+ 40 %) et est portée par l’ensemble des entreprises, quelle que soit la région d’implantation. Cette croissance du CA, largement supérieure à la plupart des autres secteurs d’activité sur le territoire, est toutefois à tempérer par une reprise post-COVID favorable aux espaces verts et les tensions inflationnistes des deux dernières années.
L’activité des entreprises du paysage portée par le marché des particuliers et la création d’espaces verts
L’activité de la branche du paysage a bénéficié de la croissance de l’ensemble de ses trois grands marchés : + 27 % pour le secteur privé, + 24 % auprès des particuliers et “seulement” + 20 % sur les marchés publics. Les particuliers restent les « premiers clients » des entreprises du paysage, dont le CA pèse pour près de la moitié du CA global (49 %, soit 3,6 milliards d’euros). Des chiffres qui confirment cette année encore les besoins de nature des Français, renforcés ces deux dernières années par la crise sanitaire.
Les marchés publics représentent un quart du CA de la branche (24,5%, soit 1,8 milliards d’euros en 2022) avec une croissance en deçà des performances des autres marchés : + 20 %, équivalent à une hausse de 0,3 milliards d’euros en 2 ans. La croissance de ce marché, plutôt faible en début de période, s’est redressée à partir du 2nd semestre 2022, mais sans rattraper les autres secteurs d’activité.
La part du CA provenant des entreprises privées a augmenté de 0,5 point, et représente 25,5 % de l’activité de la filière soit 1,85 milliards d’euros en 2022, avec une croissance remarquable de + 27 % en 2 ans.
La création de jardins et d’espaces verts pèse de plus en plus lourd dans les activités des entreprises et représente désormais 57% du CA de la branche : l’augmentation est de + 1,5 point en 2 ans. Les activités d’entretien de ces espaces représentent 40,5% du CA, en baisse de 2 points. Enfin, 2,5% de l’activité de la filière sont générés par d’autres activités du paysage, par exemple les travaux de génie écologique ou l’éco-pastoralisme.
« Ces deux dernières années, les entreprises du paysage ont démontré leur capacité d’adaptation aux grands enjeux sociétaux et environnementaux : elles ont accéléré leur montée en compétence et diversifié leurs offres pour répondre à des besoins nouveaux. Les écoles se verdissent, les copropriétés et espaces privés sont incités à prendre part à cette transition, le besoin de nature partout et pour tous augmente et s’appuie sur des compétences accrues en génie écologique et génie végétal détenues par nos entreprises.
Pourtant, il reste à aligner les actes sur les discours et les intentions : nous faisons le constat que la commande publique n’est pas à la hauteur des enjeux locaux. Elle doit s’accélérer pour soutenir la végétalisation de l’espace urbain et la préservation de la biodiversité. Les actions collectives et les partenariats publics/privés doivent permettre la désimperméabilisation et renaturation de nos villes aussi bien dans l’espace public que dans l’espace privé qui représente l’essentiel du foncier de nos villes. » explique Nicolas Leroy, président de la commission économique de l’Unep.
23 350 emplois nets créés depuis 2020
Afin de répondre à cette croissance, la branche du paysage s’appuie aujourd’hui sur 132 100 actifs, un chiffre en augmentation de 32% en 10 ans. En 2 ans, 23 350 emplois nets ont été créés pour répondre aux besoins croissants des entreprises, dont près de 19 000 en France métropolitaine.
Cette augmentation des effectifs est principalement portée par l’emploi salarié. Fin 2022, les entreprises employaient 104 000 salariés, soit une augmentation de près de 25 % des effectifs salariés en 2 ans. Dans le même temps, le nombre de non-salariés est resté stable.
La branche du paysage a donc une très forte capacité à créer de l’emploi : depuis 2 ans, en France métropolitaine, les entreprises ont créé quelque 19 000 postes, soit plus de 26 nouveaux emplois par jour en moyenne !
Cette dynamique exceptionnelle pourrait être encore plus forte si les entreprises n’étaient pas confrontées à une difficulté majeure : le recrutement. En effet, en 2022, 57% des entreprises souhaitant embaucher n’y sont pas parvenues. Parmi les principaux freins évoqués par les chefs d’entreprise : l’absence de candidatures (73%), notamment pour les ouvriers et le personnel permanent (versus le personnel saisonnier), et le problème de qualification des postulants (62%).
A noter que 4 embauches sur 10 réalisées en 2022 (38,5%), l’ont été en CDI, en augmentation de 2,5 points par rapport à 2020. Viennent ensuite les contrats d’apprentissage pour (23%, + 4 points), puis les CDD et les contrats de saison (respectivement 19,5 et 17 %).
En 2022, le secteur compte ainsi 104 000 salariés, dont 83 % en CDI, un pourcentage en légère baisse par rapport à 2020 (-3 points). Cela s’explique par la forte augmentation des contrats d’apprentissage : 13 % des salariés en 2022 sont des apprentis, vs 7,5 % en 2020, qui suivent une voie royale pour s’intégrer plus facilement dans le monde du travail.
« Si l’activité de nos entreprises ne cesse de croitre, elles doivent faire face pour la plupart d’entre elles à de fortes difficultés de recrutement. Pendant trop longtemps, l’apprentissage et l’enseignement agricole ont été les parents pauvres de nos systèmes éducatifs. Même si nous voyons que la tendance s’inverse depuis peu, nous payons aujourd’hui le prix d’une politique d’orientation insuffisamment adaptée aux réalités économiques. Notre profession a pourtant des atouts indéniables à faire valoir, auprès des plus jeunes comme des adultes en reconversion : nos emplois, à pourvoir sur l’ensemble du territoire, sont durables, non-délocalisables, et accessibles du CAP au diplôme d’ingénieur.
Nos entreprises sont actrices de l’action sociale, par la formation, l’insertion, l’inclusion et la reconversion. Nos métiers ont du sens, et s’inscrivent pleinement dans la transition écologique en cours. » commente Laurent Bizot, président de l’Unep.
Les entreprises du paysage investissent dans l’avenir
Pour continuer à accompagner la dynamique de la filière et accélérer les transitions à l’œuvre, les entreprises du paysage ne misent pas que sur le recrutement : elles investissent aussi massivement.
En 2022, les entreprises ont dépensé 565 millions d’euros en investissements, soit une augmentation de 46 % par rapport à 2020. En 10 ans, ces montants ont augmenté de 170 %. Si les investissements ont fortement augmenté en valeur, ils ont augmenté également en proportion : la part du CA qui leur est consacrée est en 2022 de 7,5 %, soit + 1,5 point en 2 ans.
Près de la moitié (47 %) de ces investissements concernent le matériel de chantier et l’outillage. En 2022, 42 % étaient destinés à mieux respecter l’environnement, diminuer les nuisances ou améliorer l’environnement de travail des salariés (RSE), un montant qui a presque doublé par rapport à 2020, atteignant 230 millions d’euros.
Pour fidéliser leurs salariés, et accompagner leur montée en compétence, les entreprises investissent aussi massivement dans la formation de leurs collaborateurs : ils sont ainsi 22 % à avoir suivi une formation en 2022. Par ailleurs, près d’une entreprise sur quatre (24 %) a procédé à des investissements en formation au-delà de l’obligation légale.
Laurent Bizot conclut : « Ces indicateurs viennent valider une intuition partagée par tous les professionnels du paysage : celle d’une transformation continue, soutenue et irréversible de la façon dont nous intégrons et organisons le végétal dans notre quotidien. La dynamique qui mobilise plus de 132 000 professionnels en France et en outre-mer témoigne également d’une prise de conscience active des particuliers, des entreprises et des collectivités, d’un besoin d’être accompagnés, conseillés et soutenus pour verdir nos modes de vie, au sens propre, avec des compétences reconnues, qui confirment cette année encore toute leur valeur ajoutée ».
Méthodologie : Les chiffres clés de la branche du paysage est une enquête menée par l’institut Xerfi-Spécific pour le compte de l’Unep et VALHOR, avec le soutien d’AGRICA, entre avril et juin 2023, auprès de 1 264 entreprises représentatives de la profession (adhérentes ou non à l’Unep) et rassemblant 12 260 salariés, interrogées par questionnaire. L’étude est complétée par des données de la MSA. Il s’agit de la onzième édition des chiffres clés de la branche du paysage.
Et en 2023 ?
Focus sur le Baromètre Unep – VALHOR – AGRICA des entreprises du paysage au 1er semestre 2023
Les chiffres du Baromètre montrent que la dynamique de 2022 se poursuit en début d’année 2023 : face à une croissance modérée, le secteur continue de recruter, malgré des difficultés à identifier des talents. Mais plusieurs signaux appellent à une certaine vigilance :
« Depuis le début de l’année 2023, notre secteur poursuit sa croissance, démontrant une fois encore le besoin pérenne de nature et de végétalisation exprimé partout et par tous. Mais certains signaux nous préoccupent, comme le coup de frein prévu dans la construction (immobilier individuel et collectif) et l’inflation qui entame le pouvoir d’achat des particuliers. L’urgence climatique doit bousculer nos dogmes : tous les acteurs impliqués dans la planification écologique doivent créer des synergies nouvelles au bénéfice d’une accélération des plans d’actions verts et vertueux. Et lorsque l’on parle de solutions vertes, il ne faudrait pas oublier le végétal : il est notre meilleur allié , car les solutions fondées sur la nature font partie des réponses à mettre en œuvre pour améliorer notre cadre de vie et la résilience de tous nos environnements. » commente Laurent Bizot.