Artificialisation des sols : la bataille des villes
Publié le 18 février, 2021 à 12h45 , mis à jour le 25 juin, 2024 à 12h33
Paris, le 18 février 2021
L’Observatoire des villes vertes a consacré sa dernière enquête à l’artificialisation des sols pour identifier les actions menées par les collectivités pour enrayer ce phénomène.
18 grandes villes françaises ont partagé leurs stratégies et meilleures pratiques en matière de lutte contre l’artificialisation des sols.
Les collectivités sont de plus en plus volontaires sur le sujet, et s’associent à une pluralité d’acteurs pour mener des actions efficaces. La protection de la biodiversité est l’un des principaux moteurs de leur politique de lutte contre l’artificialisation. Les efforts menés restent majoritairement concentrés sur le domaine public, et pourraient pâtir d’un ralentissement des investissements dans les infrastructures publiques dû à la crise.
Une volonté politique forte suivie par des premières actions concrètes
16 villes interrogées sur 18 déclarent s’être emparées du sujet de la lutte contre l’artificialisation des sols. Cette dynamique se structure à l’échelle politique et locale : après une première impulsion des services espaces nature en ville et urbanisme, les édiles ont anticipé la volonté du gouvernement et apportent leur contribution pour contrer les conséquences liées à l’artificialisation des sols.
Par ailleurs, toutes les collectivités interrogées n’avancent plus seules : elles intègrent désormais des acteurs privés (citoyens, bailleurs sociaux et promoteurs immobiliers) dans leurs réflexions et projets de renaturation urbaine.
Seul ombre au tableau, le ralentissement des chantiers publics dû à la crise du COVID : annoncés en fanfare en 2020, un grand nombre d’entre eux sont encore à l’arrêt et les budgets des communes fortement impactés par la crise sanitaire ne semblent pas prioriser ces chantiers pourtant indispensables.
« La volonté des villes pour ralentir l’artificialisation des espaces semble résister à l’atonie voulue par la crise, comme en attestent les projets tangibles initiés par ces dernières en ce début d’année 2021 » commente Laurent Bizot, président de l’Unep et co-président de l’Observatoire des villes vertes. « L’argument de l’attractivité des villes va sûrement jouer pour beaucoup, et ce d’autant plus en anticipation des prochains confinements, pour éviter un exode trop important d’habitants fuyant les grandes places urbaines pour plus de vert. »
Priorité à la biodiversité et aux îlots de fraîcheur
Au cœur des politiques publiques des villes interrogées, trois ambitions président à la lutte contre l’artificialisation des sols : favoriser la biodiversité en ville, améliorer le cadre de vie des administrés et, enfin, lutter contre les îlots de chaleur. Ces bénéfices recherchés sont talonnés par l’amélioration de la qualité de l’air et l’attractivité de la ville.
Les arguments d’ordre économiques semblent aujourd’hui moins évidents ou prioritaires : l’essor économique du cœur de ville et la préservation des zones périurbaines agricoles arrivent en bas des raisons invoquées.
« L’urgence de protéger la biodiversité et de sanctuariser des îlots de fraîcheur en ville a bien été saisie par les municipalités » se félicite Pascal Goubier, président d’Hortis et co-président de l’Observatoire. « Pour autant, les sujets de l’attractivité et de l’essor économique devraient devenir les prochains piliers des politiques de végétalisation, en associant les citoyens et les acteurs privés dans cette démarche. »
Des actions enclenchées encore trop circonscrites au domaine public
Concrètement, les villes répondantes ont décidé de réduire la part de sols artificialisés en investissant dans des travaux de désimperméabilisation – solution préférée des collectivités (15 villes sur 18).
12 villes sur 18 se lancent ou se sont lancées dans une revitalisation de leurs friches urbaines. D’autre part, presque la moitié des villes répondantes (8 sur 18) envisagent ou ont déjà débuté le verdissement des cours d’école.