Baromètre du paysage – Une croissance timide au 1er semestre 2023, toujours créatrice d’emplois
Publié le 5 octobre, 2023 à 08h30 , mis à jour le 25 juin, 2024 à 12h28
Paris, le 5 octobre 2023 – L’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep), avec le soutien du groupe AGRICA et l’Interprofession de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage (VALHOR), dévoile les performances économiques de la branche du paysage au 1er semestre 2023. Bien que ralentie, la croissance de l’activité du secteur du paysage continue de refléter le besoin de créer de nouveaux espaces végétalisés. Largement portés par leur activité sur les marchés publics, les entrepreneurs du paysage poursuivent aussi leurs efforts de recrutements, et continue d’en faire une priorité pour le reste de cette année 2023.
Mais certains signaux inquiètent les professionnels car ils pourraient ralentir cette dynamique dans les mois à venir : l’inflation, qui pèse sur le pouvoir d’achat des particuliers (1er marché du secteur avec 49% du CA) et la chute d’activité attendue dans le BTP.
La croissance du secteur paysage, portée par la création de jardins et d’espaces verts et par les marchés publics
Durant le premier semestre 2023, la croissance de l’activité du secteur du paysage a progressé de 3,5 %1. La tendance annuelle, elle, diminue également et avoisine les 4 % à l’issue du premier semestre 2023 – contre 6 % en 2022.
Une croissance modérée, qui dans un contexte économique difficile touché par l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat des Français et une remontée des taux d’intérêt, est moins ralentie que prévue. Mais depuis quelques semestres, la tendance à la baisse de cette croissance se confirme.
À l’image des deux années précédentes, l’activité des entrepreneurs du paysage est portée par la création de jardins et d’espaces verts, avec une hausse du chiffre d’affaires de 4 % au premier semestre 2023 (versus 7,5 % au 1er semestre 2022). L’activité d’entretien de jardins et d’espaces verts progresse moins vite, à hauteur de +3 % – contre 4% au premier semestre 2022.
Sur les trois marchés adressés par la profession, l’activité du paysage connait sa plus forte croissance sur les marchés publics : +5 % pour le 1er semestre 2023 (portant la tendance annuelle sur ce segment à +6,5 % à l’issue du mois de juin 2023). Une évolution dans la lignée des résultats du second semestre 2022, qui avait connu une croissance exceptionnelle de +8 %. Sur ce marché, on assiste ces derniers mois à un rattrapage de l’activité après plusieurs semestres peu dynamiques comparativement aux autres segments de marché.
L’activité sur le marché des particuliers est également restée porteuse de croissance au premier semestre, avec un chiffre d’affaires de +3,5 %, mais nettement en deçà des performances réalisées 1 an auparavant (versus +7 % au 1er semestre 2022). Le ralentissement de la croissance sur ce segment de marché inquiète l’ensemble de la branche, car c’est le principal marché de la profession : 49 % du CA de la branche est réalisé auprès des particuliers. Même si le rythme de l’inflation diminue, le pouvoir d’achat est en baisse depuis plus d’un an, et les arbitrages d’investissement des ménages pourraient se faire au détriment de la création de jardins.
C’est surtout sur le marché des professionnels privés (entreprises, immobilier, syndic, HLM…) que la croissance est la plus faible. Après plusieurs semestres très dynamiques en 2021 et début 2022, l’activité auprès des professionnels privés s’est nettement tassée depuis 2 semestres : +2,5 % sur le 1er semestre 2023, après +3 % au 2nd semestre 2022, à rapporter aux +9,5 % de croissance enregistrés au 1er semestre 2022. C’est sur ce marché que les perspectives de croissance pourraient être les plus faibles : la remontée des taux d’intérêt et des prix des matières premières pénalise les capacités d’investissement des entreprises. Surtout, et c’est là le signal le plus inquiétant, la chute des permis de construire engagée depuis 1 an alliée aux mauvaises perspectives du secteur des travaux publics se répercuteront d’ici peu sur l’activité du secteur du paysage.
« Les résultats de la filière sur ces premiers mois de l’année résonnent avec certains enseignements de l’année dernière – avec une activité auprès des marchés publics qui reste vigoureuse au premier semestre 2023. Alors que les projets de végétalisation se multiplient, les marchés publics continuent de porter la dynamique de la filière. Une preuve s’il en faut que les professionnels du paysage jouent un rôle clé auprès des collectivités, pour les accompagner vers leur transition écologique, à travers la création d’espaces verts et de jardins.
Dans un contexte économique qui montre quelques signes d’essoufflement, notre secteur s’en tire plutôt bien, car la demande est là. Nous restons optimistes et prévoyons toujours une croissance de notre activité pour le 2nd semestre, mais plus faible que celle du 1er semestre. Cependant, l’inflation, la remontée des taux d’intérêt, et les mauvaises perspectives du BTP ont de quoi nous inquiéter à horizon d’un an. Pourtant, plus que jamais, la nécessité de végétaliser tous nos environnements s’impose à tous. Nous aurons à cœur de rappeler que les solutions fondées sur la nature sont essentielles pour lutter contre les effets du changement climatique et améliorer notre cadre de vie : la croissance verte doit se faire avec le végétal ! » commente Nicolas Leroy, président de la commission économique de l’Unep.
Les entreprises du paysage, toujours créatrices nettes d’emplois
Pour la 5e année consécutive, le solde d’emploi du secteur demeure nettement positif (5 points). Les embauches au 1er semestre 2023 ont concerné en majorité des postes d’ouvriers non qualifiés dans 66 % des cas, et 22% d’ouvriers qualifiés. La nature des embauches se répartit assez équitablement entre CDD (44 %) et CDI (42 %). Concernant la part des contrats d’apprentissage et d’alternance elle plus limitée sur le 1er semestre 2023 (14 %), ce type de contrat se signant plus fréquemment à la rentrée des classes.
Si les chefs d’entreprise font toujours face à d’importantes difficultés d’embauche, puisque 40 % des professionnels ont essayé d’embaucher sans y parvenir au premier semestre 2023, cette tension s’atténue au fil des semestres (-13 points versus le 1er semestre 2022).
Cap sur le recrutement
Pour le second semestre 2023, les projections du secteur restent positives. Les carnets de commande pour les 6 prochains mois sont quant à eux en légère hausse (136 jours, contre 131 jours l’année dernière sur la même période). Le chiffre d’affaires des entreprises du paysage devrait continuer de progresser, à un rythme un peu plus contenu (+2,5 %).
Pour répondre à cette activité croissante, 67 % des entreprises du paysage ont l’intention d’embaucher dans les 6 prochains mois, notamment sur des postes d’ouvriers (57 %) et d’ouvriers qualifiés (29 %). Sur le 1er semestre 2023, et alors qu’elles étaient 63 % à vouloir embaucher, 75 % d’entre elles ont sauté le pas.
Pour Laurent Bizot, Président de l’Unep : « Ces chiffres montrent bien la résilience de notre secteur, qui dans un contexte économique difficile, continue à bien performer, même à un rythme ralenti. Pour continuer à répondre à cette activité croissante, la priorité est au recrutement. Les entreprises du paysage l’ont d’ailleurs bien compris, avec des prévisions d’embauche positives dans les 6 mois à venir. Pour les accompagner, nous continuons de mener avec l’Unep de nombreuses actions pour promouvoir les métiers du paysage, à travers des campagnes de communication digitales, une présence lors de salons d’orientation, l’organisation de job dating, des actions avec le ministère de l’Agriculture pour valoriser l’enseignement agricole et l’apprentissage… Notre objectif : rendre visible nos professions souvent méconnues du grand public, et casser les idées reçues, pour attirer de nouveaux talents. Nos métiers, directement liés à la transition verte, ont une valeur ajoutée concrète, et répondent aux aspirations des jeunes actifs. Notre objectif au sein de l’Unep est de leur faire savoir. »
Le recrutement et le maintien en poste des salariés est d’ailleurs la grande préoccupation des entrepreneurs du paysage, alors que 2022 était surtout marquée par l’inflation. La difficulté d’embauche (en particulier pour les postes qualifiés) arrive ainsi en première position du top 10 des préoccupations des entrepreneurs du paysage. Optimistes sur les prévisions d’activité pour les 6 prochains mois, les chefs d’entreprise se montrent toutefois inquiets sur plusieurs points : la conjoncture, qui devient la 2e de leurs préoccupations, la hausse du coût des matières premières, toujours en 3e position, et l’état de leurs carnets de commande, désormais en 4e position. A noter que les effets du changement climatique et la gestion de l’eau font leur entrée dans ce classement : de nouvelles préoccupations qui traduisent la nécessité d’adapter continuellement leur façon de travailler.
Les principaux chiffres du baromètre à retenir
(1) L’étude est réalisée en euros courants, l’inflation n’est donc pas prise en compte
(2) Taux d’embauche : nombre d’embauches / nombre de salariés présents au 31/12 de chaque année
Méthodologie : Enquête réalisée par Xerfi Spécific pour VALHOR du 05 juillet au 26 juillet 2023 auprès de 350 paysagistes à raison de :
– 100 entreprises de 5 salariés et moins.
– 150 entreprises de 6 à 19 salariés. – 100 entreprises de plus de 20 salariés.