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Baromètre du paysage 2nd semestre 2023 : un secteur en croissance mais des incertitudes pour l’avenir

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Publié le 27 février, 2024 à 08h00 , mis à jour le 25 juin, 2024 à 12h27

Paris, le 27 février 2024 – L’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep), avec le soutien de VALHOR, l’Interprofession de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage, et en partenariat avec le groupe AGRICA, dévoile les performances économiques de la branche du paysage au 2nd semestre 2023. Ce dernier a été marqué par une activité plus dynamique qu’anticipée (5 % sur le semestre), permettant de conclure 2023 sur une croissance annuelle de +4 %. Toutefois, certains signaux inquiètent les professionnels qui pourraient voir leur activité ralentir en 2024. Le quasi-arrêt du marché de l’immobilier, les défauts et retards de paiement et la difficulté à recruter sont les préoccupations majeures des entrepreneurs du paysage pour les mois à venir.

Baromètre du paysage S2 2023 - chiffres à retenir

Une année 2023 dynamique pour les entreprises du paysage

Après une hausse de leur chiffre d’affaires de 3,5 % au premier semestre 2023, les entreprises du paysage continuent leur croissance, signant une augmentation de 5 % sur le 2nd semestre 2023, témoignage de la bonne santé du secteur après 4 semestres continus de ralentissement de leur activité.

Baromètre du paysage S2 2023 - évolution du CA
Baromètre du paysage S2 2023 - tendance annuelle 2023
(1) Tx d’évol. : Taux d’évolution du trimestre ou du semestre par rapport à la même période de l’année précédente
(2) Tendance : Moyenne mobile 4 trimestres ou 2 semestres

Dans le détail, après une saison estivale très vigoureuse (+5,5 % au 3e trimestre), l’activité a ralenti au 4e trimestre (+4.5 %). Sur l’année, la croissance s’établit à +4 % : une dynamique forte, quand l’Insee annonce une croissance nationale de 0,9 % pour 2023. L’activité des entrepreneurs du paysage de cette fin d’année a été portée par l’entretien des jardins et des espaces verts, avec une hausse du chiffre d’affaires de 6,5 % (versus 3 % au premier semestre 2023). La création de jardins et d’espaces verts connait également une belle croissance (+ 4 % sur le second semestre 2023).

Focus sur les marchés

L’activité des entreprises du paysage sur le marché des particuliers continue de croître. Après 2 semestres moins dynamiques, le marché des particuliers affiche 5 % d’augmentation sur le 2nd semestre 2023, et ce malgré un contexte économique difficile (baisse du pouvoir d’achat, hausse du prix de l’énergie…).

Baromètre du paysage S2 2023 - marchés des particuliers

Les marchés publics affichent une hausse du chiffre d’affaires de 3,5 % au 2nd semestre : en net ralentissement par rapport aux 2 semestres précédents, et ce malgré les financements de l’Etat, comme le fond vert, qui visent à accélérer la transition écologique et l’adaptation des territoires. Sur ce marché, les entrepreneurs du paysage soulignent un manque d’identification de la profession par les maîtres d’ouvrage sur de nouveaux projets comme la végétalisation du bâti, des cours d’école, ou d’autres chantiers nécessitant de débitumer des surfaces imperméabilisées.

Baromètre du paysage S2 2023 - marchés publics

Enfin, le marché des professionnels privés (entreprises, immobilier, syndic, HLM…), connait l’évolution la plus importante sur la période, avec une croissance de 6 % sur le 2nd semestre 2023 : un signal très positif, car en plus d’améliorer la qualité de vie des habitants et usagers, la végétalisation des espaces privés collectifs est indispensable, en parallèle de l’espace public, pour améliorer l’adaptation des villes au changement climatique.

Baromètre du paysage S2 2023 - marchés privés

« Ces chiffres sont meilleurs que ce que nous anticipions, et sont le reflet d’une année 2023 très dynamique pour les entreprises du paysage, tous marchés confondus. La croissance de notre secteur témoigne de la prise de conscience du déploiement indispensable des Solutions d’adaptation fondées sur la nature (SaFN) pour améliorer la résilience de nos villes et territoires face aux effets du changement climatique. Car rappelons-le, les entreprises du paysage créent ces SaFN aussi bien dans les espaces urbanisés (parcs et jardins, bâti végétalisé, cours d’école, jardins de pluie et noues végétalisées, etc.) que dans les milieux ruraux ou naturels (travaux de génie écologique, génie végétal, reboisement). La compétence et le modèle économique de nos entreprises s’inscrivent parfaitement dans le projet présidentiel d’une « écologie à la Française » efficace, concrète, économique et pragmatique répondant aux besoins et aspirations légitimes des urbains comme des ruraux » commente Nicolas Leroy, président de la commission économique de l’Unep.

Les entreprises du paysage peinent toujours à embaucher

Les entreprises du paysage ont continué à renforcer leurs effectifs sur ce 2nd semestre 2023. Entre juillet et décembre 2023, le taux d’embauche est de 16,5 %, supérieur de 3 points au taux de départ. Pour la 7e année consécutive, les entreprises du paysage crée des emplois salariés chaque jour !

Baromètre du paysage S2 2023 - solde embauches départs

Etant donné le calendrier scolaire, les contrats en alternance totalisent un tiers des embauches enregistrées (33 %) sur la période. Les CDI représentent quant à eux 44 % des embauches, et les CDD 23 %. Les embauches concernent majoritairement des ouvriers (61 %) et des ouvriers qualifiés (29 %).

Toutefois, les chefs d’entreprise expriment toujours d’importantes difficultés à recruter : 49 % des professionnels qui ont essayé d’embaucher n’y sont pas parvenu au 2nd semestre 2023. La tension est moins forte qu’il y a 2 ans, mais elle repart à la hausse par rapport au semestre précédent (+ 9 points).

Baromètre du paysage S2 2023 - difficultés embauches

Une croissance qui devrait ralentir en 2024, mais sans entraver les perspectives de recrutement

Qu’en sera-t-il pour 2024 ? Au 1er semestre 2024, le secteur pourrait connaître un ralentissement de son activité : les entrepreneurs du paysage anticipent une croissance de 2,5 % au 1er semestre. Car si l’état des carnets de commandes sur les six mois à venir reste bon, avec 134 jours (contre 136 jours pour le 2nd semestre 2023), plusieurs signaux expliquent ce ralentissement.

Sur les marchés publics, si la dynamique est bonne, avec des intentions fortes des collectivités notamment en matière de végétalisation urbaine, les projets peuvent être freinés pour plusieurs raisons : hausse des prix de l’énergie, arbitrages difficiles entre tous les projets à mener, complexité de l’accès aux financements, difficultés à identifier les professionnels à solliciter.

Sur les marchés privés, les inquiétudes sont plus fortes avec un quasi arrêt du marché de la promotion immobilière. Les carnets de commandes des entreprises intervenant traditionnellement auprès de ces clients se réduisent drastiquement, , ce qui a pour effet de conduire à une baisse des prix de vente. Or les prix des matières premières et les charges continuant d’augmenter, le risque à moyen terme est d’assister à une forte augmentation des défaillances d’entreprise.

Sur le marché des particuliers, la question du maintien du pouvoir d’achat reste fondamentale pour que cette clientèle continue d’avoir des projets de création de terrasses et jardins.

Pourtant, malgré ce contexte prévisionnel qui se tend, les entreprises ont des perspectives très concrètes de développement : 69 % des entreprises du paysage qui cherchent à embaucher déclarent vouloir continuer d’embaucher dans les 6 prochains mois (principalement des ouvriers qualifiés), et deux tiers prévoient d’investir en 2024, principalement dans du matériel de production et de transport.

Baromètre du paysage S2 2023 - perspectives embauches S1 2024

Si les difficultés d’embauche de main d’œuvre qualifiée restent la préoccupation majeure des entreprises du paysage (29 %), devant la conjoncture (17 %), elles font aussi face à de nouvelles inquiétudes pour 2024. Les entrepreneurs font en effet état d’une certaine prudence : la hausse de prix des matières premières arrive ainsi en 3e position des préoccupations exprimées par les entreprises (14 %), devant l’augmentation des charges (9 %) ou encore le maintien de la trésorerie (6 %). Enfin, il est révélateur d’observer que pour la première fois, les défauts et retards de paiement arrivent dans le top 10 des préoccupations des entrepreneurs du paysage (4 %).

« Cela fait plusieurs années que notre secteur est confronté à des difficultés de recrutement, principalement dues à une mauvaise connaissance de la diversité de nos métiers. Et pourtant, nos métiers répondent à de nombreuses aspirations : ils ont du sens, permettent d’être au contact de la nature, et offrent de belles perspectives d’évolution ! En 2024, notre profession aura de nouveaux défis à relever pour leur permettre de continuer de croître. Le premier sera celui d’un meilleur dialogue avec les collectivités, pour devenir leur interlocuteur privilégié sur tous les projets d’aménagements végétalisés, et pour trouver une solution à l’allongement des délais de paiement, qui peuvent parfois attendre 180 jours, mettant à mal la trésorerie de nos entreprises. La bonne santé de notre secteur passera tout d’abord par la bonne santé des finances des entreprises du paysage. » ajoute Laurent Bizot, président de l’Unep.

(1) L’étude est réalisée en euros courants, l’inflation n’est donc pas prise en compte

(2) Taux d’embauche : nombre d’embauches / nombre de salariés présents au 31/12 de chaque année

Méthodologie : Enquête réalisée par Xerfi Spécific pour VALHOR du 2 janvier au 23 janvier 2024 auprès de 350 paysagistes à raison de :

 – 100 entreprises de 5 salariés et moins.

 – 150 entreprises de 6 à 19 salariés.

 – 100 entreprises de plus de 20 salariés.

>> Télécharger le communiqué de presse

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