Le jardin de curé
Un jardin de curé c’est quoi ?
Anciennement, le jardin de curé qualifiait un jardin composé de fleurs annuelles, de plantes aromatiques et de vivaces très florifères. Celles-ci étaient installées en massifs de faible superficie séparés par de nombreuses petites allées et encadrés par des bordures, à l’origine en buis. Ce style de jardin faisait référence aux véritables jardins de presbytères où les prêtes cultivaient, dans un périmètre proche des bâtiments, les fleurs nécessaires à la décoration de l’église, les plantes aromatiques utiles pour rester en bonne santé, et quelques fruits palissés sur les murs ou conduits en cordons.
La renommée de ce style de jardin concentrant l’utile et l’agréable s’est ensuite étendue aux « jardins de grands-mères » qui bien souvent étaient composés sur le même mode, puisque ces grands-mères étaient également les petites mains jardinières des jardins de presbytère ! Leur simplicité créait un lien entre la campagne et la maison. Mais ces jardins de grands-mères, dont beaucoup ont vu le jour entre 1950 et 1970 dans les villes et les villages, comportaient plutôt des bordures en béton, demandant moins d’entretien que les bordures de buis. Une partie potagère complétait le jardin la plupart du temps.
A l’heure actuelle, le jardin de curé rassemble donc à la fois des plantes vivaces sans souci, des fleurs annuelles fleuries tout l’été, des aromatiques pour les tisanes et la cuisine, des fruits ainsi qu’un petit potager. La redécouverte des plantes d’antan, des légumes anciens et des vertus des aromatiques renforce encore l’attrait pour ce style de jardin.
Comment créer un jardin de curé ?
Oubliez le XXIème siècle et son esthétisme épuré pour plonger dans les anciens livres de jardinage. L’opulence végétale sera privilégiée avec une grande diversité de plantations. Sur de petites surfaces, la succession des espèces utiles mais aussi fleuries ou odorantes donnera le ton. Une entreprise du paysage pourra vous accompagner dans la création de votre jardin de curé.
Composez des petits massifs réguliers
- Ils se succèderont dans un périmètre proche de la maison.
- La division de l’espace en petites parcelles concourt au foisonnement visuel, mais surtout permet de classer les cultures.
Faites la liste de vos aromatiques, légumes et fleurs préférées
- Cela vous aidera à les répartir entre les différents massifs. Les fleurs à bouquets peuvent se mêler aux grandes aromatiques, les annuelles se marient avec les vivaces de façon à bénéficier de floraisons renouvelées.
- Gardez un espace bien délimité avec une petite barrière pour créer votre potager. Les rangs de légumes, de petite dimension, seront alternés avec des aromatiques qui éloignent les parasites. La régularité des planches cultivées permet de noter les espèces au fil des ans, ce qui facilite la rotation des cultures.
Ajoutez des arbustes
- Les rosiers choisis parmi les variétés anciennes ou botaniques apportent à la fois une note fleurie attractive et romantique, des pétales à utiliser en lotions pour la peau et des cynorrhodons riches en vitamine C que l’on transforme en confitures en fin d’automne.
- Les fruitiers palissés « à la diable » par exemple (pour une gestion plus facile de la taille) contre les murs ensoleillés, donneront des récoltes qui s’ajouteront à celles des petits fruits du potager. Plantez aussi des cordons de pommes et de poires le long de vos allées principales et faites appel à une entreprise du paysage une fois par an pour tailler ces fruitiers en cordons. L’effet esthétique obtenu vous fera retrouver l’aspect des jardins d’Antan.
- Quelques buis taillés en boule ou en cônes complèteront le style donné par les bordures de buis, si vous avez privilégié ce type de bordures. Ils ont aussi l’avantage d’offrir des volumes et de la couleur en hiver.
Jardin de Maizicourt (c)BBoudassou
Optez pour des bordures de charme
- Les bordures constituent un élément clé des massifs, car elles les délimitent avec rigueur. Pour ne prendre que les bons côtés du jardin de curé, et allier esthétisme avec style suranné, optez pour des bordures en fer forgé ou en osier. Pour ces dernières, sans aller jusqu’à utiliser des fascines, plutôt typées jardin médiéval, on trouve des bordures de facture contemporaines en châtaignier, osier ou noisetier dont le style se rapproche des jardins champêtres. Elles se mettent en place facilement, et plus rapidement que des bordures en béton, sauf si le côté « vintage » vous séduit.
Les bordures en buis se réalisent à l’aide de boutures de buis nain (par exemple Buxus suffruticosa ‘Nana’) : elles nécessiteront un entretien par la taille plusieurs fois par an pour rester nettes.
Les bordures en coussins végétaux sont un peu plus difficiles à gérer sur le long terme car il faudra diviser les souches au fur et à mesure de leur croissance, pour leur conserver un aspect dense et éviter leur creusement. Les plantes utilisées pour ces bordures font partie des vivaces naines. Elles peuvent aussi être constituées de fraisiers ou de thym.
Les caractéristiques du jardin de curé
1 – Un plan découpé en de nombreux massifs
La succession des massifs, souvent de forme courbe, donne l’occasion de cultiver un grand nombre de plantes qui peuvent être diverses et variées. Ce qui est privilégié ici n’est pas tant leur caractère esthétique que leurs différents usages : fleurs à bouquets, fleurs à parfum pour attirer les pollinisateurs, plantes médicinales et nourricières
Des petites allées sillonnant le jardin permettent d’aller cueillir facilement les fleurs et de récolter les fruits ainsi que les bonnes herbes et aromatiques à tisane. Car il est important d’accéder de tous les côtés aux plantations des massifs. Le revêtement basique des allées en graviers ou en terre et sable compactés ne coûte pas très cher.
2 – L’économie au quotidien
Un endroit pour le compost, des bacs de récupération de l’eau, un cabanon pour ranger les outils et des petites placettes de travail (petits espaces dallés, avec un banc) parsèment la plupart des jardins de curé et jardins de grands-mères. Cette organisation montre l’usage autrefois uniquement utilitaire de ces lopins de terre où chaque parcelle devait produire quelque chose servant à une vie quotidienne frugale. Aucun engrais extérieur n’entrait dans la culture, seul le fumier bien décomposé permettait d’enrichir le sol. La récupération de l’eau de pluie en conteneurs maçonnés accolés à la maison ou aux bâtiments annexes était le complément indispensable de l’eau du puits pour arroser, avec quelques bassines et contenants disséminés autour du cabanon. Le choix de plantes résistantes, elles aussi frugales en eau et en engrais, doit donc guider la création de ce style de jardin.
3 – Un foisonnement végétal
Tout est fonctionnel dans un jardin de curé. Aussi le mélange des genres est tout à fait autorisé. Les arbres fruitiers peuvent border certains côtés des massifs et encadrer les allées, les petits fruits cantonnés au potager peuvent aussi servir de haie et de bordure, ou être disséminés autour des parties en terrasse ou des espaces de travail.
4 – Des plantes florifères et sans souci
Les plantes que l’on a considérées comme désuètes ces vingt dernières années reviennent en force car elles constituent la base du jardin de curé : ce sont par exemple les dahlias qui reviennent très en à la mode aujourd’hui, les ibéris et les heuchères pour les bordures, les campanules, les grandes marguerites plus le lupin et le glaïeul pour les bouquets, les primevères, l’anaphalis, le cinéraire, le cur de Marie (Dicentra spectabilis), les giroflées, le myosotis, la guimauve, le ricin et la tanaisie.
A cela s’ajoutent les vivaces qui poussent sans soin comme les achillées, la camomille, l’armoise, les illets, les iris dans les terres poreuses, les ancolies en situation fraîche, les pois de senteurs à conduire sur la barrière du potager. Puis les annuelles qui se ressèment seules telles que la nigelle, le bleuet, la gaillarde. Narcisses, lis et tulipes sont aussi très appréciés parmi les bulbes.
5 – Des aromatiques pour les tisanes et la cuisine
Le jardin de curé fait une place importante aux herbes aromatiques et à tisane, et à toutes les plantes médicinales qui autrefois constituaient les remèdes principaux de la pharmacopée populaire. Parmi les incontournables, il y a la sauge, le thym, le romarin, le laurier-sauce, la menthe, l’hysope et le souci. Ciboules ou ciboulette ainsi que le fenouil sont davantage cultivés comme plantes condimentaires, avec l’oignon rocambole (oignon perpétuel) et le raifort.