Comment créer un jardin potager ?
L’engouement actuel pour les potagers prend une telle ampleur que l’on parle autant d’agriculture urbaine que de jardin potager. En effet, les citadins ayant de plus en plus besoin de verdure et d’espaces végétalisés se tournent à présent vers les légumes, plantes aromatiques et petits fruits.
Cette culture autrefois réservée à un lieu bien déterminé au sein d’un jardin s’émancipe dans toutes les configurations possibles. Même les principes de base ont évolué, les pratiques et les supports de culture également. L’envie de récolter ce que l’on va consommer reste cependant identique. Le potager devient ainsi un style de jardin très prisé. Il a plutôt tendance de nos jours à s’associer aux cultures d’ornement, les nouveaux jardiniers considérant que les légumes et les fruits font partie de l’ornement général des espaces extérieurs.
Qu’est-ce qu’un jardin potager ?
C’est un espace réservé aux cultures nourricières. Il peut rassembler des légumes, des plantes aromatiques et des petits fruits comme les groseilles, le cassis, les framboises, les fraises et autres fruits poussant sur des arbustes ou des plantes vivaces. Les arbres fruitiers sont, eux, plantés dans un verger, ou dans une autre partie du jardin d’ornement. Mais les espaces clairement dédiés à ces catégories de plantations dans les anciens jardins ont évolué à notre époque pour finalement se confondre de plus en plus. Le changement de techniques de jardinage oriente aussi dans cette voie où verger et potager s’associent, pour cultiver de manière plus écologique et raisonnée selon les bases de l’agroécologie ou de la permaculture.
Les types de jardin potager
Le jardin potager traditionnel
Dans ce style de jardin potager, les légumes sont répartis en rangs ordonnés, distants régulièrement pour laisser la place de passer entre les rangs, pour désherber, arroser ou récolter. Des « planches » rassemblent plusieurs rangs de légumes identiques. Elles sont séparées par des espaces plus importants qui peuvent accueillir des passe-pieds (lignes de planches, de briques ou de pavés sur lesquels le jardinier peut marcher sans tasser le sol ou écraser les plantations).
Le jardin potager en carrés
Ce potager se construit au-dessus de la surface du sol. L’encadrement se fait avec toute sorte de matériaux (bois, métal, PVC,…). La hauteur, d’environ 40 à 60 cm, se choisit en fonction des matériaux disponibles et de ce que l’on souhaite créer. Ce jardin potager se réparti en carrés de petites superficies (entre 1,20 m et 1,50 m de côté environ) divisés en parcelles (ou compartiments) égales, le plus souvent carrées ou rectangulaires. Cette organisation a l’avantage d’optimiser la surface cultivée. Différentes sortes de légumes se côtoient dans ce système, ce qui multiplie la diversité végétale. L’entretien du potager en carrés est plus facile car les surfaces sont plus petites, et les légumes accessibles de tous les côtés.
Le jardin potager surélevé
Ce potager reprend les formes du potager en carré (carrées ou rectangulaires) mais sa hauteur est plus importante. La plupart des structures proposées dans le commerce sont sur pied, à 80 ou 90 cm de hauteur. Mais il est aussi possible de construire un potager surélevé sans avoir d’espace libre en dessous. Dans ce cas, la hauteur de terre sera plus importante, ce qui peut privilégier certaines plantes comme les légumes racines. Au jardin, le potager surélevé est plébiscité pour minimiser les efforts physiques : en effet, il n’y a plus besoin de se baisser pour semer, planter ou récolter. Ce système est adopté dans les établissements de soins bénéficiant d’un jardin thérapeutique, car l’espace ouvert sous les structures permet aussi aux personnes en fauteuil roulant de venir jardiner.
Les plates-bandes potagères
Elles se conçoivent dans des espaces très divers, sur de petites superficies. Elles s’organisent en bandes de 50 cm à moins de 2 m, et conviennent ainsi à tous les jardiniers débutants souhaitant commencer un potager où se juxtaposeront légumes et plantes aromatiques.
Le potager-fruitier
C’est l’une des formes de cultures préconisées en agro-écologie : les rangs d’arbres fruitiers séparés de plusieurs mètres ombragent en partie les rangs de légumes cultivés dans l’intervalle. Ils font obstacle au vent, créent un microclimat plus favorable à la culture qu’un terrain nu, produisent des feuilles qui, lorsqu’elles tombent et se décomposent au sol, régénèrent ce dernier.
Le potager mandala
Ce style de potager est conseillé en permaculture, afin de concentrer les plantations sur un minimum d’espace et selon un plan visant à profiter de toutes les expositions. La culture se fait sur des buttes dans lesquelles les espèces sont réparties selon leur type de croissance. Celles-ci sont donc associées de façon à ce que l’ensemble de la butte (sommet et côtés) soit utilisé. Les buttes permettent au sol de se réchauffer plus vite, à la pluie de s’infiltrer sans stagner, aux racines de profiter d’une terre meuble et plus aérée.
Le potager en lasagnes
Il utilise tous les déchets végétaux (tontes de gazon, feuilles mortes, broyat de coupes, épluchures de légumes ) ainsi que des cartons sur lesquels il sera monté. Toutes ces matières sèches et humides sont superposées pour constituer un support de culture. L’idée n’est en réalité pas nouvelle : ce type de potager est ni plus ni moins qu’une culture sur un tas de compost, comme cela se pratique depuis longtemps pour les courges par exemple.
Le potager vertical
Dans les jardins de ville (jardins urbains) exigus, la seule solution pour cultiver fleurs et légumes réside souvent dans l’utilisation des surfaces verticales. Les plantes poussent dans des poches de terre, mais la terre peut également être remplacée par un feutre qui se décompose au fil des mois. L’arrosage se fait par goutte-à-goutte et contient le plus souvent une solution nutritive, solution que l’on retrouve dans les structures de culture en hydroponie. Les fraisiers acceptent par exemple très bien ce système sur feutre et les salades s’adaptent bien à l’hydroponie.
Où créer un jardin potager ?
Les possibilités sont nombreuses pour cette création de jardin potager : en pleine terre mais également sur terrasse et balcon, sur les toits, dans les cours, et dans toutes les configurations où l’on trouve un peu d’espace au soleil pour planter. La culture hors sol en hydroponie se développe également : demandez conseil à une entreprise du paysage.
Les conditions premières à remplir sont un emplacement bien ensoleillé, des allées pratiques et assez larges pour circuler avec une brouette (sauf dans le cas de potagers de terrasse ou de balcon), un coin réservé au compost et un endroit pour installer aussi un abri de jardin (ou un cabanon).
Dans les jardins urbains comme dans les jardins de campagne, la place du potager se négocie selon les envies de chacun et l’usage qu’il en fera au quotidien.
- Le potager traditionnel et le potager-fruitier prennent de la place, ils seront logés au fond du jardin d’ornement ou sur l’un des côtés. Dans l’optique d’une organisation de potager en permaculture, le potager et le jardin d’ornement s’imbriquent l’un dans l’autre et ne forment plus qu’un seul espace cultivé.
- Les carrés potagers forment un dessin graphique susceptible de s’installer partout, même aux abords de la maison. Ils s’entourent le plus souvent de structures décoratives, en bois ou autres matériaux actuellement proposés.
- Les potagers surélevés offrent le même type de décor et de matériaux. Ils se montent autant sur une terrasse que sur un balcon. Les jardinières potagères (jardinières hautes, avec ou sans pieds) s’installent de la même façon sur les terrasses et balcons. Elles animent de plus en plus les balcons des immeubles de bureaux.
- Les plates-bandes potagères ont l’avantage de s’insérer partout où l’on a un peu de place pour ce type de culture. Elles peuvent ainsi se trouver le long d’un bâtiment ou d’une palissade, entre des plates-bandes de plantes aromatiques et condimentaires, dans les jardins partagés en petites superficies plus facilement gérables.
- Le potager vertical s’installe sur toutes les surfaces bien exposées, en vérifiant que les structures porteuses n’occasionnent pas de dégâts sur le support (humidité, poids).
- Le potager en lasagnes s’installe partout, du moment que l’on peut apporter facilement les matériaux servant à la constitution du support de culture.
Quelles sont les contraintes d’un jardin potager ?
En plus du respect des dates de semis ou de repiquage des jeunes plants, la récolte régulière des légumes, l’arrosage et la rotation des cultures sont les principales contraintes. Enfin, l’entretien du potager demande que le jardinier s’investisse dans la connaissance de ce qu’il cultive et des moyens à mettre en œuvre pour que cet entretien soit optimisé par des pratiques économes et respectueuses de l’environnement. Il est effet beaucoup plus sain de consommer des légumes et petits fruits ayant été cultivés écologiquement.
Les dates de semis changent en fonction de la région dans laquelle on se trouve. La mise en place des jeunes plants en pleine terre également. Certains légumes sont frileux et ne supportent pas le froid ou les dernières gelées survenant parfois en fin de printemps (mi-mai). Les périodes de semis et plantation conditionnent également les périodes de récolte.
L’arrosage du jardin potager est très important. C’est d’ailleurs, en général, le seul arrosage qui soit accepté par les arrêtés préfectoraux interdisant l’arrosage des jardins lors des périodes de sécheresse. Cet arrosage influence directement la production légumière, celle des aromatiques et des petits fruits. Mais avec la multiplication des périodes de sécheresse et la diminution des ressources en eau, la récupération de l’eau de pluie devient indispensable et des pratiques spécifiques permettent de moins arroser le potager :
- La couverture du sol par un paillis organique garde l’humidité plus longtemps en été, et protège le sol du soleil brûlant. Elle évite aussi la formation d’une croûte de surface préjudiciable à l’infiltration de l’eau d’arrosage et des pluies.
- L’association entre des légumes ayant des besoins différents en soleil et en eau offre une couverture du sol là aussi plus dense et protectrice.
- La pose d’un système d’arrosage par goutte-à-goutte économise l’eau car celle-ci est distribuée plus près des racines des plantes.
- L’arrosage le soir ou tôt le matin limite l’évaporation de l’eau.
La récolte régulière évite que les légumes ne grossissent de trop, perdent en saveur et deviennent durs. Laisser des légumes pourrir sur place peut ensuite attirer les maladies et parasites, ce qui est totalement contre-productif. Pendant les périodes de vacances, demandez à des voisins ou amis de venir récolter. En contrepartie, ils profiteront des légumes et petits fruits qu’ils emporteront. La rotation des cultures est le moyen le plus sûr pour éviter d’une part l’épuisement des sols, d’autre part la propagation des parasites et des maladies spécifiques à certains légumes, et qui peuvent rester en dormance dans le sol jusqu’au printemps suivant. Cette rotation suit un principe simple : changer l’endroit où l’on plante chaque culture chaque année, selon un ordre prenant en compte les besoins nutritifs des familles de légumes (exigeants, moyennement exigeants, peu exigeants). Seuls les légumes perpétuels restent en place d’une année sur l’autre, comme l’artichaut, l’oignon rocambole, l’asperge.
Mais cette rotation des cultures ne peut s’appliquer dans le cas de cultures mixtes, par exemple dans les carrés potagers qui associent plusieurs types de légume. Dans ce cas, la rotation s’effectue d’un carré à l’autre.
L’entretien du potager prend plus de temps que celui du jardin d’ornement, toutes proportions gardées car cela dépend de la superficie cultivée et des pratiques culturales mises en place.